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Vous êtes mon divan
1 janvier 2008

L'angoisse, l'angoisse :'(

P1050408

Et voilà. Nous sommes le 1er janvier 2008. Et je DETESTE ça.
Une nouvelle année, toute vierge, à écrire du début à la fin. Mais je ne sais PAS quoi inscrire dans ce temps tout vierge. Ca fait peur. Ca fait terriblement peur.

Hier, un réveillon assez moyen. Finalement, je l'ai passé avec mes parents et mon frère, chez des vieux amis de mes parents. L'ambiance était moyenne, la conversation avait du mal à décoller. On sentait une certaine tension du début à la fin. On était toujours au bord d'un gouffre de blanc, et puis quelqu'un se faisait le devoir de dire quelque chose, de parler, parce que le blanc, lorsqu'on est sensé être entre "vieux amis", c'est indécent. En somme, toute la soirée a tourné autour des risques de blancs et des tentatives dénuées d'intérêt pour les combler. Sujets anodins. J'avais l'impression que chacun au fond ressentait ça, cette sorte de gêne. C'était la première fois que le vide se faisait autant sentir. Les précédentes fois où nous avions mangé chez ces gens, je me souviens de grands éclats de rire, d'une gaité, d'un enthousiasme, d'un entrain. Là, l'ambiance tentait de faire croire qu'elle n'était pas tout à fait morte. Un peu déprimant.

Sans compter que vers 23h, la fille de JP (qui était donc le meilleur ami de mon père dans sa jeunesse, et avec qui il a fait les quatre cent coups), qui a 23 ans, a téléphoné pour qu'il vienne la chercher, chez elle, c'est-à-dire un peu loin vu qu'ils habitent au milieu de nulle part. Elle s'était disputée avec son copain, qui, avons-nous appris, s'est déjà montré violent. Bref, tout ça était super gai. JP est parti en trombe avec sa voiture, et on s'est retrouvé comme de pauvres ronds de flan, sans savoir ni quoi dire ni quoi penser. Là, comme ça, au milieu du repas. Ambiance ambiance... B (la femme de JP) était tout entière habitée par l'inquiétude, elle tentait à chaque minute d'appeler sa fille, qui ne répondait pas. Au milieu de ça, le père de B, qui a presque 80 ans, sortait de temps à autre une phrase soulignant bien l'ampleur du désastre. J'ai retenu : "Il est beau ce lustre." (suivi d'un mouvement ascendant de la tête et d'un commentaire général noyé d'indifférence - "Ah, oui."), ou encore : "Bon ben quand on a rien à faire, on boit du vin !" (et de porter le verre à sa bouche.)

Personne n'y était plus vraiment, et les allers-retours aux toilettes se succédaient, histoire pour chacun de s'offrir cinq minutes libérées de cette tension et de cette vieille atmosphère.

Au bout d'une heure, JP est revenu avec sa fille. Je craignais le pire, mais si elle se sentait mal, elle l'a très bien dissimulé, et finalement la conversation a trouvé un nouveau souffle. Enfin, tout ça restait quand même bien superficiel et bien impersonnel. Les tentatives de vannes tombaient plus ou moins à l'eau. Rien ne subsistait ou presque de l'entrain passé.

La fille de JP, que nous appelerons S, est prof. Elle est stagiaire depuis cette année. Et elle adore ça.

Je ressens depuis longtemps une sorte de fascination, d'attrait pour les profs. Oui, fascination, c'est vraiment le mot. Etant dans une filière où les débouchés se portent surtout vers l'enseignement, je n'ai pu moi-même que me poser cette question : vais-je oui ou non devenir prof ? Ou du moins tenter de le devenir ?

Le problème, c'est que je doute sérieusement. Lorsque j'entends ou que je lis des témoignages, ça me fait envie, je m'imagine à la place de ces gens... Ca a quelque chose d'exaltant. Je sais que je serais fière d'être prof et de le dire. Je m'imagine dans une salle de cours, dans une salle des profs... Et pourtant, je suis vraiment assaillie par le doute. Mon doute est de deux natures :
1) En ai-je vraiment envie, est-ce une vocation, serais-je épanouie dans ce milieu ? (Pour la vocation, vu toutes les questions que je me pose, je suppose que non, car sinon je n'aurais jamais douté...)
2) En suis-je capable ? Non seulement au niveau de faire les cours etc., mais aussi au niveau de la transmission du savoir, de la discipline, de tous ces trucs-là ?
D'ailleurs, je me pose aussi une autre question : est-ce que je me vois vraiment faire ce métier de prof de français pendant quarante ans ?? J'ai l'impression qu'au bout d'un moment, je serais lassée, gavée...

Bref, autant d'interrogations qui ne me facilitent pas la vie. Pourtant, pour ce qui est des capacités à faire les cours (pas au sens concret mais au sens matériel : les écrire, etc.), je pense que j'en suis capable. J'aime les études, j'aime travailler et c'est vrai que je m'en sors bien. Au niveau pédagogique, je suis félicitée par les profs après chaque exposé ou explication de texte... On dit que c'était vivant. Une prof qui cassait un peu tout le monde m'a même dit : "Je ne sais pas à quoi vous vous destinez, mais vous avez des talents pédagogiques certains !" Forcément, ce genre de phrases me trottent dans la tête... En fait, ce qui m'inquiète plus, c'est des situations vraiment très concrètes : me trouver sur le terrain en face d'un élève ou d'une crise que je n'arrive pas à gérer... Ou même, plus généralement, comment savoir quelle attitude adopter envers les élèves ? Je sais que tous les jeunes profs apprennent un peu ça sur le tas... Mais quand même. J'ai le même défaut ici que pour tout le reste dans ma vie : j'aimerais être SURE et CERTAINE de ne pas me tromper. Je voudrais réussir à 100%. Je voudrais être la meilleure, je ne supporterais pas d'être juste médiocre dans ma profession. Ca ne sert à rien de faire un truc si c'est pour mal le faire. Je voudrais savoir à l'avance comment je m'en sortirais, avant de faire des choix... C'est pour tout pareil.

Mais si je ne m'oriente pas vers cela, que ferai-je d'autre ? Je ne m'imagine pas faire un métier juste comme ça, pour gagner ma vie... Je veux que mon métier donne un sens à ma vie, je veux être épanouie... Je veux qu'il apporte autant aux autres qu'à moi-même. Parce que mine de rien, son boulot, on y passe du temps. Je ne pourrais jamais supporter de subir mon travail... Je veux le vivre. Et c'est parce que j'accorde une telle importance à ça que je suis incapable de trouver ne serait-ce qu'un seul métier qui colle à tous mes désirs... Pour chacun, je trouve des objections, des inconvénients, des craintes... J'ai beaucoup pensé à devenir photographe, mais je ne voudrais aucunement être photographe dans un petit studio, à faire des photos d'identité toute la journée... Si je faisais ça, ce serait pour être photoreporter, faire des trucs vraiment intéressants, passionnants, qui bougent... Mais l'inconvénient est majeur : pas de stabilité dans la vie privée... Mais moi, je ressens un énorme besoin d'avoir quelqu'un dans ma vie. Je me sens tellement mieux quand je suis avec quelqu'un... Plus belle, plus sûre de moi, plus utile... Seule, je suis désemparée. Je rêve de l'âme soeur, et quand je l'aurai trouvée - si je la trouve un jour -, je veux vivre avec elle. Et pas être sans cesse aux quatre coins du monde. Ca me fait penser à ce que tu disais dans un commentaire, Eve... Je suis tiraillée entre goût pour l'aventure et goût pour la stabilité. Mais je ne pense pas avoir choisi l'aventure. Pour l'instant, je n'ai rien choisi du tout, et c'est bien ça le problème. Enfin, de toutes façons, dans ce genre de métiers, y en a combien qui réussissent... Mais encore, si j'étais certains de vouloir faire ça... L'ennui, c'est que dans ma tête, je n'ai aucun métier qui a le statut de Métier, avec un grand "M"... Il n'y a rien qui surpasse vraiment le reste et que je voudrais faire en-dehors de toute considération... Je m'intéresse à beaucoup de choses très différentes, de sorte qu'aucune ne surpasse vraiment les autres. Je sais que j'aurais été tout aussi heureuse d'étudier la psychologie, ou l'histoire de l'art, que je ne le suis d'étudier la littérature.

En somme, je suis PAUMEE. Ca fait longtemps que ça dure, mais jusque là, c'était moins grave : après la première année, il y avait la seconde ; et après la seconde, la troisième... Mais voilà, on a basculé : et cette année, oui, cette année, je vais devoir choisir une voie. Je doute de plus en plus que le master me corresponde. Ce que j'aime moi, c'est avoir des cours, j'aime cette effusion intellectuelle. J'ai peur de ne pas réussir à me motiver dans un master recherche... Ca demande beaucoup d'autonomie, de travail en solitaire... Je ne sais pas quoi faire à part me pendre. Sans rire, ça me désespère. A quoi ça sert d'être une bonne élève, à quoi ça sert que tout le monde attende beaucoup de vous, si au final tout cela est vide, s'il n'y a rien derrière...

Je veux vivre dans l'absolu, dans la passion, et une vie sans cela ne m'intéresse pas. Je ne veux pas m'ennuyer toute ma vie. Je ne veux pas avoir de regrets ou me dire toute ma vie : "Je fais ça en attendant..." Je ne veux pas rater, je ne veux pas me tromper...

Voilà dans quel état d'esprit j'amorce cette nouvelle année. La peur au ventre.

Ceci n'empêche pas que je vous souhaite une bonne année, à vous :) Que tous vos souhaits se réalisent... A la prochaine :-*

(en photo : le givre sur le toit de la voiture de ma mère !)

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Commentaires
R
Tu te poses peut-être trop de questions ... Fais toi plaisir à étudier ... Le reste viendra ... Par contre mon avis ce n'est pas un garçon qui te donnera le sens à donner à ta vie professionnelle ... Mais ce qui me réagir sur ton blog c'est que je suis enseignant depuis vingt cinq ans et que j'aurais bien aimé faire photo reporter ... Alors prends ton temps et puis les chemins ne sont pas aussi droit que l'on voudrait vous le faire croire ...
A
Bonne année à toi aussi Popcorn :)
Vous êtes mon divan
  • J'ai vingt ans - ouah, la belle jambe - et je suis comme un pop corn perdu : prête à exploser, mais je sais pas vraiment comment, ni où je dois aller... Alors aujourd'hui, j'entreprends une thérapie, et vous êtes mon divan... Quelle chance :x
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