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Vous êtes mon divan
27 décembre 2007

Déception...

P1050388

Bonjour à tous :)

Eve, j'ai beaucoup aimé lire ton témoignage, comme toujours, même s'il n'est pas forcément gai. Ca me fait plaisir d'avoir quelqu'un qui comprend ce que je peux ressentir. Chez mon père aussi, c'est imprévisible, parce que sa colère monte tellement rapidement... En une minute, il peut passer du calme plat à la rage. C'est terrifiant. Je me rappelle qu'une fois, quand j'avais 16 ans, il est monté me retrouver dans ma chambre où j'étais montée après une crise comme ça durant le repas... J'entendais ses pas dans l'escalier, il était dans une rage horrible, j'avais trop peur, je pouvais pas disparaître... Puis il est arrivé et il m'a chopée par le col et m'a soulevée de terre, oui oui, vous lisez bien ! Et il m'a gueulé dessus à deux centimètres de ma figure. Après, même mécanisme : il était parti prendre l'air. D'ailleurs, j'avais fait de même. Je suis partie discrètement dans la nuit, j'ai fugué en quelque sorte, et j'ai été dormir chez une copine. Mes parents ont été très inquiets, et en guise de sparadrap, mon père avait déposé à mon retour une très belle lettre qu'il avait écrite, et qui m'a fait pleurer. C'était un texte poétique dans lequel il racontait la vie, mais de façon métaphorique : nous étions sur un bateau, lui et ma mère étaient les hommes d'équipage, et moi et mon frère étions les passagers. C'était très triste, ça m'avait bouleversée.

N'empêche que ces crises me fichent toujours la trouille.

Alors voilà, cet aprem, après le repas, j'ai pris mon courage à deux mains. Mais si tu t'attends à mieux comprendre, Eve, tu vas être déçue, comme je l'ai été. Il n'y avait plus que nous dans le salon et je lui ai dit : "Papa, j'aimerais qu'on reparle de ce qui s'est passé hier." Mauvais signe : il me répond : "Hmpf, si tu veux hein !" Je lui ai dit texto, sur un ton très calme : "Je pense que rien ne justifiat un tel emportement." Ca me semblait tellement évident, ce que je disais, tellement logique et tellement normal, que jamais, ô grand jamais je ne me serais attendue à ce qu'il réponde ceci : "Je pense que si." :-O

J'étais vraiment très surprise, ça me paraissait évident qu'une fois la colère retombée, il n'avait pu que se rendre compte de la disproportion du truc. Et bien non. Il a même renchéri. Il a dit : "Si, si, ça méritait un tel emportement, c'était justifié, t'es trop chiante c'est tout."

Génial, moi qui rêvais d'une discussion polie et intelligente... J'ai continué, en lui disant que jamais je ne lui avais manqué de respect, et que lui oui, et que de toute façon sa réation était démesurée quoi qu'il en soit. J'étais presque sans voix du fait qu'il soit toujours convaincu d'avoir eu raison, et que c'était moi la cause de tout. Je pensais vraiment qu'il aurait été gêné, qu'il aurait avoué être allé un peu loin... Mais au lieu de ça, non, c'est moi qui ait eu tort, cet emportement était tout à fait normal et justifié !

Il a dit que je l'avais poussé à bout (quand on y pense, c'est vraiment ridicule... Tout ce que je faisais, c'était parler du film, puis après y a eu cette réflexion sur le rond-point, que je ne pouvais pas m'empêcher de faire). Je lui ai dit qu'il devait apprendre à se contrôler, et là, il a commencé très nettement à hausser le ton et à parler de façon menaçante. Il a répondu : "Ah non, attention, tu vas pas recommencer ! Tu dois arrêter d'asséner aux gens ce que tu penses !" C'était la première étape vers l'état de fureur qui arrive tout à coup. Je l'ai bien senti et ça m'a dégoûtée : moi qui voulait discuter simplement de ça, quitte à reconnaître mes propres torts, mais au moins qu'il réfléchisse à sa conduite, je me suis retrouvée en face d'un homme avec qui la communication est impossible, puisque dès qu'une conversation prend un tour qui ne lui plaît pas, il prend un ton menaçant pour bien faire comprendre que ça suffit. Du coup, comme ça fait très peur, on en est réduit à se taire. Ca m'énerve. Je veux dire, on peut très bien réfléchir sans s'énerver... J'étais pas un adversaire ou un ennemi non plus... Pas la peine de hausser le ton pour me montrer qui est le plus fort et qui a raison... J'allais pas le frapper, je ne cherchais nullement l'affrontement ! Bien au contraire...

Alors comme tout ça m'énervait de plus belle, et que déjà il ne m'écoutait plus et s'énervait lui aussi (une minute peut-être s'était écoulée depuis le début), je lui ai dit : "Je pense qu'il faut savoir faire preuve d'humilité et reconnaître quand on a été trop loin ou qu'on a tort", ce qui l'a énervé de plus belle, et il a répondu de façon menaçante : "Oh, c'est pas toi qui va me parler d'humilité hein, surtout pas toi !!!"

Mais merde !! Ca m'a taraudé tout l'après-midi... J'étais sur le cul. Ca veut dire quoi ça ? Moi je sais pas faire preuve d'humilité ?... Pourtant, j'ai bien l'impression que si. Souvent je réalise brusquement que mes parents ne me connaissent pas bien. Ils n'ont aucune idée des états d'âmes qui me traversent, de la façon dont je vois la vie. Ils ne savent pas qui je suis, déjà que moi-même je ne le sais pas. Je sais qu'à leurs yeux, je suis une fille certes intelligente mais présomptueuse voire méprisante, qui plus est soulante, qui veut imposer sa loi, et qui est manipulatrice. Charmant tableau. Mon frère aussi en pâtit, car il suffit qu'il dise un truc ou émette un souhait pour se voir répondre : "Ca, je parie que c'est ta soeur qui te l'a mis dans la tête", genre qu'il peut pas réfléchir tout seul tu sais. Exemple y a quelques jours. Je sais plus pourquoi mais j'avais dit à mon frère que maintenant, les garçons portaient plus des boxers que des slips kangourou comme lui. Le lendemain, il dit à mes parents que la prochaine fois il voudra des boxers et non des slips - on est d'accord, c'est très con et très anodin -, et bien voilà ce qu'il a obtenu comme réponse : "Ca, c'est ta soeur qui t'as mis cette idée en tête, tu peux y aller !" comme si c'était très grave. N'importe quoi. En tout cas, cette réflexion idiote de mon père sur l'humilité m'a blessée. Ca m'a rappelé l'époque du collège : il m'avait dit un jour que moi et mes amies on se prenait pour l'élite. Je voyais à peine ce que ça voulait dire. J'ai mis court à la conversation en montant dans ma chambre. J'ai quand même fini en soulignant le caractère puéril de sa remarque : "C'est la dernière fois que tu montes dans cette voiture".

Finalement, j'étais plus énervée qu'au début. J'ai été déçue de voir en face de moi un homme buté incapable de se remettre en question. Il ne regrettait rien du tout, il n'était pas gêné pour un sou, selon lui c'est moi qui aurait dû l'être... Je suis dégoûtée.

Bon, je dois aller manger, et feindre que tout va bien. N'empêche que je l'ai en travers de la gorge.

(en photo : une belle lumière, cet aprem, en ville... J'aime bien parce qu'on dirait que cette lumière émane de la cabine elle-même !)

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Commentaires
Vous êtes mon divan
  • J'ai vingt ans - ouah, la belle jambe - et je suis comme un pop corn perdu : prête à exploser, mais je sais pas vraiment comment, ni où je dois aller... Alors aujourd'hui, j'entreprends une thérapie, et vous êtes mon divan... Quelle chance :x
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